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Il se trouve que je m'interroge sur l'amour. Pas sur le mien, pas nécessairement.

Je pense à quelque chose d'abstrait, de générique. Au sentiment nu et brut, tel qu'il est, à sa signification la plus profonde. Une sorte de discussion philosophique avec moi-même, une répartie sans retenue, une partie d'échecs où l'on ne gagne et ne perd jamais.
Et au fil des années, je pense avoir changé d'avis de nombreuses fois, car ce concept a grandi et changé avec moi et est destiné à changer à nouveau, multiforme et coloré comme lui seul peut l'être.

Mais si je devais le définir maintenant, en ce mercredi soir ordinaire, en voulant le fixer quelque part, je pensais qu'il s'agissait de se dénuder.

Dépouiller les superstructures, les masques, les idées préconçues, ces barrières concrètes que nous érigeons entre nous et le monde. Les façades, les gestes qui ne nous appartiennent pas tout à fait, ceux que nous montrons pour ne pas succomber. Les armures, les boucliers, les volets barrés devant nos cœurs.

Peut-être qu'aimer signifie avant tout se mettre à nu, permettre à un autre être humain de nous voir tels que nous sommes, pour le meilleur et pour le pire. Leur dire, même sans prononcer un mot : "Voilà qui je suis". Je ne suis pas toujours un lion, j'ai des faiblesses, des lacunes, des défauts que je ne me pardonne pas. Mais ils sont à vous, si vous les voulez. Vous pouvez les voir, les sentir, les admirer. Si vous les aimez, alors peut-être pouvons-nous faire ce voyage ensemble. Nous ne saurons pas toujours à l'avance où elle nous mènera, et peut-être aurons-nous parfois envie de nous engueuler ou de nous enfuir. Et ce sera dur, ces moments là. Parce que tu me feras du mal et je te ferai du mal. Mais si c'est vraiment l'Amour, ce que nous avons, alors nous aurons aussi la force de nous embrasser à nouveau et de nous pardonner, pour reprendre la route."

Un tel discours ne peut être tenu que si l'on a le courage de se montrer tel que l'on est, d'abandonner ses protections.
Cela n'a rien à voir avec le fait de s'anéantir, car l'Amour veut toujours son bien, mais de permettre à l'autre de nous regarder vraiment, de nous permettre d'être aussi faibles, fragiles, mais surtout vulnérables.
Peut-être n'aimons-nous vraiment que lorsque l'idée que cette personne puisse nous faire du mal, nous détruire, nous anéantir, ne nous semble plus si terrible. Nous reconnaissons la possibilité et décidons de courir le risque quand même, de nous jeter sans parachute vers un vide que nous ignorons, inconscients mais courageux, extraordinairement fous mais téméraires, rêveurs et pleins d'espoir de ce qu'il peut nous donner : une vie ensemble.

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